DE L’ATLANTIQUE AU FLEUVE SÉNÉGAL
A l'heure d'ouvrir ce nouveau carnet, je pense à ce dernier voyage, le septième depuis un peu plus de 20 ans.
Qu'est ce qui m'attire encore dans ce pays magnifique et mystérieux ? Ses paysages merveilleux, variés, somptueux ? certainement, ses habitants aux traditions, à la culture, aux modes de vie si différents des nôtres ? certainement aussi, ses déserts que nous nous plaisons à parcourir ? certainement encore. Mais aussi l'accueil qui nous y est très souvent réservé ainsi que l'extraordinaire liberté qui nous y est laissée de nous rendre pratiquement ou bon nous semble et que nous devons aussi respecter.
Alors, ainsi que me l'a dit un habitant de Bogué que nous avons croisé dans un de ces embouteillages dont les mauritaniens ont le secret :
"Bienvenue dans un autre monde".
En fait, au cours de ce nouveau parcours de près de 4 000 kilomètres, nous nous sommes invités de nombreuses fois "dans un autre monde".
Nous avons passé la frontière avec un jour d'avance, et quitté le poste mauritanien à la nuit. Inutile de dire que ce premier bivouac ne fut ni facile à trouver, ni extraordinaire, mais il nous permit quand même de nous éloigner de la route.
Nous voilà donc partis pour Boû Lanouâr. Les expériences précédentes nous ont incité à éviter le centre du village. Nous avons donc rejoint la piste du train en contournant Boû Lanouâr au sud après les dernières habitations.

Le lendemain nous nous détournons vers Aïcha où nous déjeunons à l'ombre des acacias avant de repartir pour Ben Amira puis de bivouaquer au pied du massif d'Inemmoûdene après avoir quand même testé tout notre matériel de désensablage dans une chaleur de plus de 40°.
Le trajet se poursuit entre les guelb avant de rejoindre la route de Choum à Atar. Les abords sont inondés, premiers signes des récentes intempéries de Septembre. Nous rejoignons Atar par la route de Tsar Torchane et Tézégraz.
A Atar, nous n'échappons pas au rituel des ravitaillements et des pleins puis nous offrons un après-midi de détente et de repos sous les arbres du camping Imini. L'endroit est simple, mais nous y trouvons l'essentiel et l'accueil est chaleureux et sympathique.
Après avoir rechargé nos batteries, pour certains au propre comme au figuré, nous reprenons notre périple vers l'oued Abiod et la passe de Tifoujar. La température est proche de 50°, et au pied de la passe, mon dromadaire se transforme en mulet et refuse d'atteindre le sommet. Il faut donc se rendre à l'évidence, la suite du parcours va être modifiée.Demi-tour donc et retour dans la vallée Blanche. Nous trouvons notre passage au milieu des jardins jusqu'à Oujeft. Après un regonflage et un peu de goudron, nous nous engageons sur la piste d'El Berbara. Dans son écrin de roches et sa palmeraie, la guelta est toujours aussi sublime. Le village semble abandonné, pourtant nous y croisons une femme seule avec ses deux enfants. Nous repartons en sens inverse et posons notre bivouac sur la lande déserte.
Ce matin, après avoir rejoint la route de Tidjikdja, beaucoup de kilomètres nous attendent avant de retrouver la piste. Nous déjeunons sous un acacia inespéré après Aïn Sefra et trouvons bientôt la piste de Talmest. Le désert est vert, et après quelques aléas dans un champ de rochers, nous trouvons un nouvel acacia pour notre bivouac.
Nous sommes bientôt rejoints par un berger sur son dromadaire. Il parle un excellent français et nous bavardons un long moment en lui offrant un verre d'eau. Il est de Chinguetti et mène son troupeau du sud de Tidjikdja au nord de Ouadane. Il passe parfois par El Beyed et connait son chef de village Yeslem. C'est une étonnante et merveilleuse rencontre.
Ayant quitté notre bivouac, nous cheminons vers la palmeraie de Talmest. Nous croisons un groupe de nomade poussant leur troupeau. Le shibani, peut-être de nos âges, semble souffrir d'une arthrose cervicale. Nous lui prodiguons quelques soins : quelques massages, un peu de pommade antalgique dont nous laissons la fin du tube... Inch Allah ! Arrivés à Talmest, quelques jeunes bergers abreuvent, un gros troupeau de dromadaires. Le puits est sale, l'odeur difficile à supporter, les photos nous sont interdites... sauf contre rétribution ! Plus loin, nous ne trouvons pas d'entrée visible vers la palmeraie. Nous montons vers le hameau à l'étage supérieur. Nous trouvons un robinet opérationnel et faisons nos pleins d'eau. Une jeune femme arrive, souriante et parlant un peu français. La discussion s'engage gentiment et d'autres personnes se joignent au groupe. Tous vivent à Talmest. Un enfant de 4 ans a une légère blessure au front. Il est tombé de son âne. Nous nettoyons la plaie qui ne parait pas très grave et appliquons un désinfectant. Nous déjeunons sous un acacia et nous reprenons la piste dans un paysage superbe. Après une crevaison, nous bivouaquons à une trentaine de kilomètres de Tidjikdja
Arrivés en ville, nous faisons quelques courses au marché et dans les épiceries après avoir refait nos pleins et fait réparer la roue par un pneumaticien local.
Nous prenons la piste de Tichitt que nous connaissons déjà. Le désert est vert comme jamais nous ne l'avons encore vu. La piste est toujours bien tracée et le GPS n'est vraiment pas nécessaire pour suivre son chemin. Un peu avant le village de El Khcheb, nous bifurquons vers le sud-est pour bivouaquer un peu plus loin dans une zone caillouteuse. Je pense que nous risquons de jardiner un peu le lendemain matin pour en sortir, mais en fait il n'en n'est rien et nous retrouvons assez facilement la piste.
Celle-ci passe près d'un puits qui n'est pas maçonné. Quelques pierres au ras du sol et un morceau de bidon contenant une eau sableuse. Plus loin sur notre gauche, nous trouvons un magnifique ensemble de rochers champignons qui nous annonce la passe de Mouthneïba. C'est encore un de ces endroits que l'on regrette de ne pas avoir vu plus tôt. Au delà du verrou rocheux, s'étendent à l'infini les sables de l'Aouker. La pente est assez importante, mais fort heureusement nous sommes dans le sens de la descente. Il suffit presque de laisser glisser.
Après l'éperon rocheux, il reste encore quelques dunes dans lesquelles il faut trouver son chemin, S'ouvre ensuite un couloir entre les sables de l'Aouker et la falaise. Il y a encore 100 km avant de rejoindre l'oued Taskass. Mais cette année, cette zone est inondée en grande partie par 70km de lacs successifs. Cette situation nous oblige à un parcours assez compliqué sur un terrain souvent détrempé. Il n'est plus question de piste qui est le plus souvent sous l'eau. Nous devons tracer notre chemin entre l'eau et les sables de l'Aouker avant de bivouaquer à une quarantaine de km de l'oued Taskass.
Nous poursuivons notre parcours dans un univers de verdure qui atteint souvent le sommet des dunes. Nous arrivons bientôt au Tarf Taskass, ce col qui permettait d'arriver directement depuis Tidjikdja. La piste qui y a été tracée et qui reste visible dans le relief est aujourd'hui complètement impraticable. Nous nous engageons dans l'oued Taskass. C'est reparti pour une centaine de kilomètres.
Contrairement à mes attentes l'oued est sec et sa piste parfaitement praticable. Nous cheminons dans cette immense saillie qui partage les sables de l'Aouker. Nous croisons quelques campements nomades, quelques troupeaux qui viennent profiter de la végétation abondante et de l'eau disponible aux puits qui parsèment le parcours.
Aprés un bivouac vers la fin de l'oued, nous nous rapprochons de Boubleïne. L'eau revient en abondance, et la piste se détourne de son cours habituel pour monter sur les dunes et contourner les inondations. Nous cherchons un moment la piste qui part sur Tamchekett qui elle aussi contourne les tamours qui se sont créés dans toute la région. Nous arrivons à Tamchekett en fin de matinée. Nous avons mis près de 3 heures pour parcourir les 40 km depuis Boubleïne et Oum El Kezz. Mais le temps n'a que peu d'importance au regard des paysages traversés.
A Tamchekett, nous restons un long moment à faire nos courses. Les petites boutiques sont nombreuses, mais les denrées assez rares et nous devons naviguer de l'une à l'autre pour remplir nos paniers. Nous faisons aussi la rencontre de deux jeunes professeurs du collège avec qui nous bavardons un grand moment. Ils sont tous les deux originaires "du fleuve", l'un de Kaedi, l'autre de Bogué. A la sortie du village, nous complétons nos réservoirs de carburant et d'eau avant de reprendre la route qui rejoint maintenant la N1, "la route de l'espoir".
Après une vingtaine de kilomètres, nous quittons la N1 pour rentrer dans les terres et rejoindre le Tamour Bougari. L'endroit est magnifique. Les arbres vivent dans l'eau entourés de nénuphars, mais nous ne verrons pas le crocodile, qui parait-il, vit ici. Le lieu semble par contre prisé des mauritaniens qui viennent s'y promener et y pique-niquer. Nous installons notre bivouac à proximité et profitons de la tranquillité du lieu. Au matin, avant notre départ, de nombreuses vaches traversent les bois, venant certainement de s'abreuver.
Nous reprenons la N1 pour Kiffa et ses embouteillages. Quelques courses encore pour compléter le ravitaillement de Tamchekett et nous repartons pour Kankossa. La route est goudronnée et la liaison est rapide. Nous la quittons pour partir vers l'ouest pour d'autres paysages. En courant d'après-midi, nous arrivons à ce village peul que nous avions visité en 2018.
Même si ici, personne ne parle français, nous y avions eu un accueil chaleureux et y avions passé un long moment et fait de nombreuses photos. Six années sont passées, et j'ai ramenée quelques unes de ces photos. Je pensais que nous retrouverions quelques unes des personnes photographiées, et surtout des enfants. Mais il n'en n'a rien été. Aucun d'eux n'étaient présents. Par contre ils ont été reconnus. Il s'en est suivi une grande animation. Des femmes sont allé chercher des nattes qu'elles ont installé au pied des voitures, ont préparé le thé pendant que les photos circulaient de main en main dans de grands rires et avec moultes commentaires que nous ne comprenions pas.
Nous avons repris la piste jusqu'à notre bivouac passant auprès d'autres villages dans un paysage de savane décorée de gros bouquets de palmiers roniers. Puis, le lendemain nous arrivons dans la première passe de Soufa que nous franchissons sans encombres. Mais, plus loin la piste est inondée. Me trouvant le premier, j'emprunte sans problème un contournement et attend mes camarades au retour sur la piste. Mais pour eux, l'affaire ne se présente pas de la même façon. Sur ce même passage, ils sont assez profondément embourbés. Le temps de décider des opérations et de commencer à se sortir de ce mauvais pas, arrive un Hilux local. Ils s'arrêtent et nous viennent en aide. Et l'avantage, quand les mauritaniens se déplacent, c'est qu'ils sont rarement seuls. c'est donc une douzaine de paires de bras, jeunes pour la plupart qui participent à la manœuvre ! Ca change la donne ! Mais après cette aide précieuse, nos sauveteurs empruntent le même chemin, et à leur tour se trouvent dans un mauvais pas. A notre tour de leur venir en aide ! Et si nous ne sommes pas aussi nombreux et aussi jeunes, nous avons un treuil ! Et ça aussi ça change la donne! Mais une fois sortis de ce bourbier, quel chemin prendre ?
La seule solution restante est.... la piste ! Et tout se passe bien.
Une vingtaine de kilomètres plus loin, la seconde passe avec son contrôle militaire nous attend. Tout cela se passe bien. Nous traversons le village et suivons la trace qui datait de notre précédent voyage. Là, après une dizaine de kilomètres de jardinage, il faut l'avouer, ça se passe moins bien : nous sommes dans les choux ! Plus de piste qui prenne la bonne direction, et le terrain est toujours très humide. Comme on ne réfléchit pas bien l'estomac vide, nous faisons notre pause déjeuner. Encore un essai infructueux et nous décidons de revenir à Soufa. Nous y retrouvons nos compagnons de boue du matin.
Nous expliquons notre problème et la solution est trouvée en la personne d'un villageois qui dispose d'une motocyclette et propose de nous remette sur la bonne piste. La négociation est ardue, mais pour quelques centaines d'ouguiyas notre homme va chercher son véhicule. Le contrat a été négocié pour 10 km, mais il ne compte ni son temps, ni sa distance et nous quitte "à la piste française", ce qu'il doit considérer comme un gage de la qualité de ses services. Après cette aide qui nous a remis dans le droit chemin, nous bivouaquons à une trentaine de kilomètres de Mbout.
Mbout où nous faisons nos courses le lendemain dans une ambiance toute Africaine. Puis nouspoursuivons notre descente vers le sud jusqu'à Maghana. A quelques kilomètres de Maghana, nous avions prévu de nous rendre au bord du fleuve. Mais, le fleuve est là, au bord de la route. Il se trouve ici à 2 kilomètres de son lit, mais plus loin, les terres seront inondées jusqu'à 5 km du bord du fleuve, la route étant parfois sous l'eau. Nous resterons ainsi sur le goudron jusqu'à Kaedi puis Bogué sans pourvoir approcher le bord du fleuve Sénégal.
A Bogué, après avoir traversé la ville dans l'agitation du marché matinal, nous faisons une nouvelle tentative à la faveur d'une digue. Mais le terrain est tellement détrempé qu'il ne nous est pas possible de continuer et nous devons retourner à la route. Nous faisons une tentative en face de Podor. Le village a des allures de camp retranché derrière des digues construites pour protéger les habitants des inondations.
L'heure avance dans l'après-midi, mais nous n'apercevons aucune option de bivouac. Le plus souvent, la route est inondée des deux cotés, et les rares zones épargnées sont souvent habitées. Et puis vers 17 heures l'inespéré se produit. Sur la droite, devant nous, un erg semble surgir du paysage. Nous nous engageons sur une piste, et passé quelques habitations, nous nous retrouvons en plein désert.
Mais ces kilomètres de route depuis Maghana ont singulièrement réduit le temps que nous avions prévu de passer au bord du fleuve. Nous pouvons donc flâner et partir à la découverte de nouveaux lieux. Justement, en examinant la carte, nous trouvons à une quinzaine de kilomètres le lac RKIZ de 40 kilomètres de long. Nous décidons donc d'aller voir à quoi ressemble ce lac. Nous reprenons un piste facile vers le nord. Nous croisons des bergers, des troupeaux, mais aussi des 4x4 transportant des bidons de lait.
La piste s'élargit, puis nous arrivons en bordure de ce qui nous paraît être le lac Rkiz. En fait il y a de l'eau, mais ce n'est pas encore le lac, et quelle surprise lorsque nous y arrivons, car le lac Rkiz est asséché. Nous le traversons sur une ancienne digue puis partons un peu au hasard du terrain. Nous traversons d'abord une zone sèche, puis sur une nouvelle digue une zone en eau avant de revenir sur une zone de savane avec plusieurs hameaux. Quand nous nous arrêtons pour déjeuner, un gros lézard s'invite, mais grimpe rapidement dans un buisson d'épineux. Il y restera jusqu'à notre départ. Nous continuons vers le sud pour rejoindre la route, mais nous serons encore arrêtés par l'eau qu'il faut contourner. Après deux heures de "promenade" nous retrouvons enfin le goudron.
Nous rejoignons Rosso ou nous faisons quelques courses. L'ambiance de cette ville est toujours aussi désagréable. Tout semble prétexte à essayer de vous escroquer. N'allant pas au Sénégal, nous sauvons la moitié de notre porte-monnaie, et quittons vite ce repaire de brigands. Direction le nord pour trouver rapidement un point de bivouac car il commence à être un peu tard.
Le lendemain, nous poursuivons tranquillement notre remontée vers le nord. Nous faisons un détour jusqu'à un village de pécheurs aux pirogues colorées sur la côte. Malgré l'Atlantique, la température est de 47°. Plus loin, nous posons notre bivouac, tôt dans l'après midi, à quelques encablures de la capitale.
Nous arrivons à Nouakchott un dimanche. Est-ce pour cela que la circulation me parait plus fluide et plus tranquille ? Nous regarnissons nos frigos et nos réservoirs, allons visiter le port et repartons avec une petite courbine pou notre repas du soir. Toujours cap au nord jusqu'à Tioulit ou nous empruntons la piste qui mène à Bénichab sur quelques kilomètres pour trouver un endroit abrité et faire griller notre courbine.
Le lendemain, nous essayons de rejoindre le banc d'Arguin en longeant la côte. Mais le sable est beaucoup trop mou, et après une excursion dans les dunettes, nous rejoignons la route. Nous reprenons la direction du parc un peu plus loin par la route de Nouâmghar que nous quittons pour bivouaquer dans la direction de Iouik. Au matin, nous reprenons la piste avec prudence. Heureusement hier soir un 4x4 copieusement chargé est passé par là et nous pouvons suivre sa trace un très long moment.
Mais avant Iouik, c'est l'inquiétude d'un terrain toujours incertain. Enfin, tout se passe bien et nous arrivons au PC du PNBA. Les gardiens sont là, la discussion va bon train, et la négociation s'engage sur le nombre de jours, le nombre de personnes, le prix, et la mention sur le billet, histoire quand même de ne pas avoir de discussions à Tafarit ou à Agadir. Nous repartons vers le cap Tafarit.
Je passe une partie de l'après-midi à la pêche sans aucun résultat. Heureusement le cuisinier du camping nous a préparé un magnifique plat de poissons. Sur la plage du Cap, une grosse pirogue est échouée. Le chef de poste nous apprend qu'il s'agit d'une pirogue de migrants qui est arrivée là il y a 2 mois, moteur en panne.
Nous remontons le long de la côte jusqu'à l'ile d'Agadir. 2 4x4 locaux attendent face à l'île. Nous décidons de passer la soirée et la nuit sur place. Tout va bien jusqu'au matin. Un homme arrive de l'île et nous explique qu'il attend une contrepartie financière à notre présence. Après discussion, il revoit très largement ses exigences et accepte le prix du camping de Tafarit. Il vérifie les attaches des deux bateaux qui sont amarrés près du sien, puis repart vers l'île.
Un peu plus tard, arrive un autre véhicule avec quatre personnes. Nous discutons un peu et deux autres bateaux viennent à leur rencontre. Les occupants s'approchent de nous et nous indiquent que nous ne devrions pas camper ici. Nous expliquons que le matin même, nous avons acquitté le prix de notre séjour à un homme venu de l'île. Ils ne font aucune remarque, mais semblent quand même contrariés par cette situation. Ils embarquent tous et repartent vers l'île.
Seul l'un d'eux est resté un peu plus loin et semble occupé au sol. Je le rejoins par curiosité pour voir quel est le fruit de sa pêche. Il s'agit de gros coquillages à la coquille épaisse qui affleurent le sable.. Chacun est assez lourd. Je comprends qu'il les mets sur le gril et les consomme ainsi. Il en a ramassé une très grosse quantité. J'en trouve aussi quelques un et retourne vers nos véhicules.
Quelques instants après, arrive une autre lanche. Décidément, la matinée est très animée ! Arrivent encore deux hommes : Un homme plutôt jeune en habit militaire (?).... et notre encaisseur du matin !
Le premier très énervé nous explique que nous devons quitter les lieux dans l'heure qui suit, et le second nous rend la somme qu'il avait encaissé quelques heures plus tôt. Je laisse chacun à ses conclusions, mais il semble d'une part que l'honnêteté douteuse de cet homme n'ai pas fait les affaires des autres habitants et d'autre part que le camping ne soit pas autorisé à cet endroit.
Nous quittons donc le lieu dans les délais et rejoignons la route au plus droit. Je n'avais pas envie de me risquer cette année dans cette zone de sebkha du nord du parc où le terrain a pu nous sembler parfois douteux . Nous faisons un petit arrêt dans les épiceries de Boû Lanouâr avant de trouver un bivouac un peu plus loin. Nous sommes à 2,5km de la voie, mais nous distinguons quand même le grondement du train minéralier.
Sur la route de Nouhadibou, nous prenons la piste au poste de contrôle pour aller visiter les salines et les sécheries de poisson.
Le parcours, qui est indiqué dans le dernier livre de Jacques Gandini ne fait pas 5km aller/retour, mais ça mérite le détour, car là aussi, nous arrivons vraiment dans un autre monde. A une petite distance des salines, se trouve ce bout du monde. Des hommes y vivent et y travaillent. Ils ne sont pas mauritaniens, tous parlent anglais sans que nous n'ayons pu savoir quelle était leur véritable origine. Ils travaillent le poisson, le mettent en saumure, le découpent et le font sécher. Tout ceci est bien sûr manuel et tout le matériel est rudimentaire. Contrairement à nos appréhensions, l'odeur est forte, mais n'est pas insoutenable. Il n'y a qu'une variété de poissons, des petits squales. Une fois secs, les morceaux de poissons sont mis dans des sacs. Nous avons vu, quelques jours plus tard des camions qui venaient charger cette marchandise. Pour quelle destination ?
Après ce détour inimaginable, nous arrivons à Nouadhibou. Nous faisons un tour au marché puis nous installons au camping de la Baie du Lévrier. Nous y passons l'après-midi tranquille et repartons le lendemain pour visiter le port de pêche de Nouadhibou. Nous croisons des camions bennes remplis de poissons qui vont certainement rejoindre les usines qui en feront des farines qui serviront à alimenter nos futures nourritures ! Le port se cache derrière ces batiments, et la circulation n'y est pas facile. Encore un autre monde ! Nous quittons la zone portuaire et prenons le chemin du Cap Blanc. Nous faisons un arrêt à Cansado. Ce village contraste avec Nouadhibou. C'est propre, tranquille, bien rangé. Il y a ici l'influence de la SNIM puisque la majorité des habitants fait partie des 3 000 personnes qui travaillent au terminal minéralier tout proche. Après ce détour, direction le Cap Blanc. Passé la boucle de retournement du train, nous arrivons près du phare. La barrière est fermée. Depuis l'année dernière, les militaires ont investi les lieux.
Nous levons la barrière, approchons du phare et de la côte. Bien sûr, ici aussi nous laissons une fiche, et allons profiter du paysage et d'un grand bol d'air car le vent est très fort. Nous allons ensuite visiter le petit musée dédié au phoques moines et cherchons vainement un coin abrité pour passer la nuit
Le lendemain, nous poussons vers la Pointe de l'Opéra avant de retourner à Nouadhibou. Nous traversons la ville en longeant la côte jusqu'à la pointe de l'Étoile. Cette partie de la baie est en plein changement. De nouvelles routes voient le jour, des lotissements sont tracés, des villas sortent de terre. Pour éviter une nouvelle nuit ventée, nous retournons au camping de la Baie.
Nous resterons encore une journée à Nouadhibou avant de reprendre la route pour PK55. Il nous reste encore 3 jours sur notre visa, mais nous quittons, une fois encore le pays heureux de notre voyage, de nos rencontres et de nos découvertes.
Coucou,
RépondreSupprimerMagnifique, le désert impressionnant par le changement climatique
De belles images.ce voyage restera comme particulier.
Pas mal de péripéties dû a l'environnement ,le pays se transforme
Yannick