dimanche 12 avril 2020

Algérie 2020

Dans les traces de la vache qui pleure


12 Février 2020 : Marseille sous le soleil, nous retrouvons la cité phocéenne avant d’embarquer pour Tunis. Les abords du port sont devenus agréables, mais les quais d’embarquement et la vieille structure en béton sont toujours aussi tristes.
13 Février 2020 : Arrivée à la Goulette. Après une traversée sans encombre, nous retrouvons le sol tunisien oublié depuis plus de 10 ans. Scanner, sortie rapide du port, nous empruntons la nouvelle rocade qui évite le centre-ville de Tunis pour quitter les faubourgs et chercher un point de bivouac près de la côte vers Soliman.
14-15-16-17 Février 2020 : Nous profitons des quelques jours dont nous disposons avant le passage de la frontière Algérienne pour avancer tranquillement et voir ou revoir quelques sites ou monuments. A Kairouan nous visitons la grande mosquée. Le lendemain, nous passons la matinée à visiter les ruines romaines de Sbeïtla avant de poursuivre sur Metlaoui ou nous bivouaquerons. Le jour suivant, nous rejoignons Redeyef par une très jolie piste de montagne avant de continuer sur Chebika et Tamerza. Pour clôturer cette première partie de voyage, nous faisons le tour de la palmeraie de Tozeur, sans résister au plaisir très touristique d’un détour vers les décors de la Guerre des étoiles.







18 Février 2020 : Nous avons rendez-vous à 7h30 au poste frontalier de Haouza. Formalités tunisiennes accomplies, nous avançons vers le poste algérien de Taleb Larbi. Notre guide Lahcen et son chauffeur Mouloud nous attendent et nous accompagnent dans la réalisation des formalités. Tout cela est très long, mais se fait…. Vers 13h 30 nous pouvons avancer… Ouff !!! Mais cela, en fait n’est pas tout à fait terminé. Il nous manque le change, l’assurance… et l’escorte. Après un repas sandwich vite avalé, et encore un peu d’attente, nous pouvons enfin prendre la route, après avoir fait les pleins de carburant. Là, c’est LA bonne surprise, car même si nous nous y attendions, et au cours auquel nous avons changé nos dinars algériens, le litre de gasoil nous revient à 12 centimes d’euro…. OPEN BAR !!! Nous avançons : El Oued, Touggourt ou nous arrivons à la nuit. Nous refusons l’hébergement proposé par les policiers… allez, encore 60 km jusqu’au contrôle suivant pour un bivouac en bord de route.

19 Février 2020 : Le départ devait avoir lieu vers 8 heures. Nous sommes prêts, mais nous devons attendre la première escorte, pas très matinale, jusqu’à 9 heures. La route est correcte, les kilomètres défilent. Nous traversons Hassi Messaoud et sa zone de champs pétrolifères.  En plein Sahara, les arbres de noël fleurissent à chaque coin de dune. On ressent l’activité pétrolière dans toutes les rues de la ville. Après près de 600 km de route, Nous sommes campés à Tin Fouye près du poste de gendarmerie. Les torchères éclairent notre bivouac.

20 Février 2020 : Aujourd’hui encore nous sommes prêts à 8 heures. Mais, toujours pas matinale, l’escorte du jour arrive à 9 heures. En route ! Mazoula, Ohanet, In Aménas vers midi. Pique-nique rapide après la ville. Nous repartons vers Illizi. Nous faisons les pleins et posons le bivouac 80 km plus bas entre le poste de police et quelques tas de détritus. Il est 18 heures, et aujourd’hui encore : 600 km.

21 Février 2020 : Départ à 8 heures. Tiens, ce matin il n’y a pas d’escorte. Près de 300 km nous séparent de Djanet. Depuis Illizi, le paysage change, devient plus montagneux. La route pénètre dans le parc national du Tassili N’Adjer. Fini les grandes étendues mornes. La route serpente dans les rochers rouges. La moyenne baisse, mais nous approchons. Une halte de contrôle à Borj El-Haouès, Zaouatallaz ex « Fort Gardel », et nous arrivons à Djanet vers midi. Après les pleins, nous gagnons le « centre-ville ». Nous sommes vendredi et les commerces ferment. Le temps de quelques courses rapides : Pain, eau, fruits et légumes, et nous nous retrouvons attablés dans un petit restaurant pour un poulet frites « skhoun » (chaudes). Pendant ce temps Lahcen s’est chargé des autorisations nécessaires. Nous nous retrouvons vers 15 heures et repartons pour notre périple. Nous reprenons un rythme et une allure plus tranquille. Lahcen nous trouve un très joli coin dans l’Adrar Tin Enouar pour notre premier vrai bivouac en Algérie.



22 Février 2020 :  Nous reprenons la route, nous laissons à notre droite la bifurcation qui rejoint le Niger proche, et après 60 km laissons la route qui file vers la Libye pour prendre la piste qui entre dans la Tadrart. Ici plus question de goudron ou de vitesse. Nous pénétrons dans un réseau d’oueds et de couloirs montagneux où la roche cohabite avec le sable et où les hommes ont laissé depuis longtemps la trace de leur passage sur la pierre. Nous suivons Lahcen. Il connaît chaque recoin, chaque passage dans ce dédale naturel, chaque peinture, chaque gravure. Il nous conduit, les yeux fermés au milieu de ce labyrinthe, nous qui ne sommes pas capable de parcourir 100 mètres sans notre GPS.



23 Février 2020 :  Les changements de cap sont fréquents, les aller-retours nombreux pour aller à la découverte d’une peinture, d’une gravure, d’un paysage, d’une curiosité géographique. A chaque instant, nous en prenons plein les yeux. Rouge, gris, noir, le rocher change de couleur au grès de sa composition, au gré du soleil qui l’éclaire. Le sable est toujours présent qui se mêle à la roche, semble lui résister pour surgir ici et s’imposer en une dune immense et majestueuse. La piste est marquée qui serpente dans cet univers magnifique. Le soir, nous nous arrêtons vers 16 heures. Nous bivouaquons au creux des rochers pour rester à l’abri du vent.



24 Février 2020 : Le terrain s’est ouvert sur un autre paysage. Le sable s’est imposé à la roche qui surgit en escarpements plus éloignés. On dirait qu’ils se sont battus, que le sable a attaqué le caillou, aidé par le vent, lui volant chaque grain qui est venu s’ajouter à la dune. Les découpages sont inattendus, exceptionnels. Nous avons progressé vers le nord. Nous arrivons au rocher hérisson, animal de pierre plus vrai que nature. Nous finissons la journée au pied de la fabuleuse dune de Tin Merzouga qui sera le terme de notre parcours dans ce secteur.








25/02/2020 : Nous rebroussons chemin en empruntant un tracé différent. Encore des découvertes, encore des paysages sublimes. Nous nous engageons à nouveau dans ces couloirs de roches ou le sable nous sert de tapis. Parfois un peu trop mou, quelques plantages sont aussi au programme. Encore des gravures et des peintures. L’altitude avoisine toujours les 1 000 mètres.





26/02/2020 :  Nous poursuivons notre retour. Encore de nouveaux décors, toujours différents les uns des autres. Parfois les mêmes qu’en arrivant et pourtant si différents sous un autre angle, sous un autre éclairage. Encore le sable qui joue avec la pierre qui s’emmêle à elle, vient s’y coller étroitement ou s’enfuit un peu plus loin. Au détour d’un rocher, au creux d’une cavité, encore une gravure, un bovidé, un éléphant, une girafe, avant notre dernière nuit dans la Tadrart Rouge.



27/02/2020 : Vers 10 heures, nous retrouvons la route qui mène de Djanet à la frontière libyenne. Nous retournons à Djanet pour la deuxième partie de notre voyage. Mais avant cela nous ferons un détour un peu plus au sud. Quelques kilomètres avant Djanet, nous reprenons la piste. Vite les traces se multiplient sur le sable pour se regrouper dans une montée qui nous mène à l’étonnant rocher éléphant. Puis, au creux d’un vallon sableux, ce sera un tombeau, énorme tumulus encerclé de plusieurs rangs cailloux disposés de
façon concentrique avec une entrée vers le centre. Enfin nous arrivons à ce rocher sur lequel sont gravés ces têtes de bovidés, dont « la vache qui pleure ». La gravure est profonde, mais d’une grande finesse. Lahcen nous raconte la légende de ce troupeau que son propriétaire n’a pu continuer à nourrir... Nous repartons vers Djanet. De nouveau, pleins d’eau, de carburant, achat de pain, eau, fruit, légumes, au fil des petits commerces assez bien approvisionnés. Nous trouvons même de la salade verte qui nous est très gentiment offerte. Le bivouac sera installé à une dizaine de kilomètre de Djanet.





28/02/2020 : Nous entamons la deuxième partie de notre voyage dans le Tassili N’Adjer. Nous avançons en parallèle de la route de Zaouatallaz, faisant des incursions dans de nouveaux vallons. La couleur de la roche est différente parfois claire, parfois presque noire. Là encore, peintures et gravures se succèdent dans un décor souvent lunaire.




29/02/2020 : Roche noire, sable clair, nous continuons notre découverte. L’horizon parait sans limite, ouvert sur l’infini. Encore des peintures, un tumulus en trou de serrure, des défilés creusés dans la roche, des arches. Chaque caillou est une sculpture. Et puis, au bout d’une gorge, nous écoutons le silence au bord d’une guelta. La journée se termine au fond d’un vallon sableux entouré de roches découpées.



01/03/2020 :  Nous quittons le vallon et parcourons les 10 km qui nous ramènent à la route. Encore 10 km sur le goudron avant de nous enfoncer dans une nouvelle vallée. Direction Essendilène, oasis inhabitée. Ici encore, la vallée s’ouvre sur les roches déchiquetées avant de se refermer sur des sommets plus hauts dominés par pics et aiguilles. L’endroit a servi de décor au roman de Frison-Roche : « Le rendez-vous d’Essendilène ». Encore une fois, le lieu est magique.  Nous déjeunons sous les quelques arbres qui l’ombragent un peu avant de repartir pour le chemin inverse avec une autre vision du parcours. Nous reprenons un peu de la route que nous traversons pour un paysage totalement différent. Ici le sable s’étend à perte de vue. Nous partons à l’assaut des dunes, avant de poser notre bivouac au sommet de l’une d’elles.




02/03/2020 : Ouille ! Aujourd’hui 150 km de goudron, ça sent la fin, le retour. Nous avons pris la direction d’Illizi, avec quand même quelques détours : Le site de Tin-Taghirt avec de superbes gravures sur une roche grise à même le sol, un peu plus loin, une très belle guelta, et enfin, avant notre bivouac une dernière piste qui nous conduit sur un site de peintures rupestres.
03/03/2020 :  Ce matin, dernière visite du séjour. Nous passons la matinée à Iherir et ses environs. Nous y déjeunons près d’un petit oued ou l’eau s’écoule doucement, avant de reprendre la route. 300 km sont au programme avant de bivouaquer près d’Illizi.

04/03/2020 : Ravitaillement à Illizi avant de poursuivre la remontée vers la frontière. Menu du jour, 650 km. Toutefois, nous n’avons pas à supporter le ballet des escortes. Seuls Lahcen et Mouloud sont là pour nous accompagner. Nous gagnons du temps et le retour est plus tranquille. Nous sommes à In Aménas un peu après midi. Nous décidons de délaisser le « snack » de la gare routière et ses boites de sardines pour aller déjeuner en ville. Nous partons à 2 véhicules. Moins de 500 mètres après notre départ nous sommes arrêtés par une voiture de police surgie de nulle part. Explications …. Le policier, compréhensif et accueillant, nous conduit dans un restaurant. Mais il reste avec nous le temps du repas puis nous raccompagne à la gare routière. Le soir nous bivouaquons à Hassi Bel Guebbour près des dunes, mais aussi de la gendarmerie.

05/03/2020 : Dure journée. Nous quittons le bivouac toujours sans escorte. Vers midi, nous arrivons à Hassi Messaoud. Le pétrole coulant à flot ici, nous décidons de refaire les pleins. Nous avons aussi envie d’aller voir l’un des derniers Berliet T100 exposé dans la ville. Il appartient à la SONATRACH qui l’a restauré. Mais aujourd’hui, le personnel étant en grève, la visite n’est pas possible. Nous nous vengeons sur le déjeuner : Grillades, frites « skhoun ». Nous arrivons au point de notre premier bivouac algérien vers 15h30. Attente, encore attente. Nous apprenons par Lahcen que l’escorte doit arriver. Nous attendons une heure avant de reprendre la route.  50 km plus loin, nous contournons Touggourt. Il est 17 heures. L’escorte continue. 90 km plus loin, nous arrivons à El Oued.  Il est 19h30. La nuit tombe. Nous obtenons un arrêt pour refaire les pleins. A 22 heures, nous arrivons à Taleb Larbi. Fourbus. Nous avons parcouru plus de 700 km.

06/03/2020 et après : Nous quittons notre bivouac à 8 heures pour les formalités de passage ne douane. A 11 heures, tout est en règle et nous quittons Lahcen et Mouloud. Nous rentrons en Tunisie. Haouza, Tozeur, Douz, Tembain, Ksar Ghilane, Tataouine, Matmata, Gabès, Djerba, Mareth, Beni Kheddache, Bir Zoltane, Douz, Zarzis, Tunis. Le 27 Mars à 15 heures, nous embarquons sur le vol Air France affrété par l’Ambassade de France, laissant provisoirement nos véhicules en Tunisie. Le voyage n’est pas terminé.